La génétique à la rescousse du Desman des Pyrénées

Photo extraite du film "on l'appelle aussi rat trompette" © Nicolas Cailleret

Une aventure de trois ans s’est terminée début juillet pour François Gillet, désormais docteur en génétique, avec la soutenance de sa thèse "Génétique et biologie de la conservation du Desman des Pyrénées, Galemys pyrenaicus, en France". Embauché par le Conservatoire d’espaces naturels de Midi-Pyrénées grâce à une bourse CIFRE, en co-tutelle avec l’Université de Liège (Laboratoire de biologie évolutive) et l’INRA (Laboratoire de Comportement et Ecologie de la Faune Sauvage), il a pu observer le Desman à une échelle bien particulière : celle de son génome.

Tout était à construire dans ce domaine, puisqu’aucune étude génétique n’avait été réalisée en France sur l’espèce auparavant. François Gillet avait déclaré au démarrage de sa thèse « C’est une chance unique de pouvoir travailler sur une espèce intrigante et fragile, à la morphologie si particulière et dont la biologie, au sens général, est encore très peu connue ».

Son premier challenge fut de mettre au point des outils moléculaires* permettant (1) de distinguer le Desman des autres espèces à partir de l’ADN contenu dans les fèces (crottes) et (2) de différencier deux individus à partir de matériel biologique (fèces, poils ou tissus) et d’étudier la distance génétique entre eux.

Ainsi, là où le prospecteur qui ramasse une crotte dans une rivière n’est pas assuré qu’il s’agisse bien de celle du Desman, la génétique permet une identification certaine et non invasive. Grâce à l’analyse de 900 fèces, François a confirmé la présence du Desman sur 250 tronçons de 500 m dans les Pyrénées françaises. Ces données certifiées ont ainsi permis à Anaïs Charbonnel, dans le cadre de sa thèse, d’élaborer un modèle de répartition de l’espèce.

Mais ça n’est pas tout… Certains traits de la biologie de l’espèce ont été découverts ou précisés comme son régime alimentaire (à partir de l’ADN contenu dans les fèces) ou sa capacité de déplacement : un desman marathonien a été retrouvé au bout d’un mois à 5 km en amont de son premier point d’observation et un autre après un an à 18 km !

Enfin, la population pyrénéenne française de desmans présente une faible diversité génétique. Trois noyaux de population semblent se dessiner : Ouest, Centre et Est. Des résultats qui nécessiteraient des analyses plus poussées et notamment à l’échelle de l’aire de distribution totale de l’espèce pour mieux comprendre l’origine et la structuration des populations de l’espèce et pouvoir compléter son statut de conservation (risque d’extinction).

L’ensemble des résultats présentés dans la thèse vont aider le CEN MP et ses partenaires à construire des propositions de mesures de conservation mieux adaptées pour le petit mammifère. Des objectifs que le programme LIFE+ Desman visera jusqu’en 2019.

Pour plus d’informations, vous pouvez télécharger le mémoire de thèse de François Gillet dans outils de communication/Documents techniques/Bibliographie.

Cette thèse a bénéficié du soutien financier de l’ANRT (Cifre), la Commission Européenne, l’Etat,EDF, les conseils régionaux d’Aquitaine, de Midi-Pyrénées et de Lanquedoc-Roussillon, les conseils généraux des Pyrénées-atlantiques, de l’Aude, des Pyrénées-orientales, l’Agence de l’eau Adour-Garonne, la SHEM et de Patagonia.

 

*identification de l’espèce par séquençage d’un fragment du gène du cytochrome b et par RFLP, création et amplification de microsatellites polymorphes 

 

> Pour télécharger la thèse de François GILLET "Génétique et biologie de la conservation du desman des Pyrénées (Galemys pyrenaicus) en France", cliquez ici.