Qui est le Desman ?

Le Desman des Pyrénées, 
un inconnu près de chez nous !

Desman des Pyrénées © Éric Delgado

Le Desman des Pyrénées, de son nom latin Galemys pyrenaicus, est un petit mammifère nocturne aux mœurs semi-aquatiques. Sa principale curiosité vient du fait qu’il porte une trompe mobile et préhensible qui mesure près du quart de la longueur de son corps et qui est largement pourvue d’organes tactiles.

Il se déplace dans l’eau et s’y nourrit de larves d’invertébrés benthiques (trichoptères, plécoptères et éphéméroptères essentiellement). Il gîte dans des cavités des berges.

Larve d’éphémère © François-Olivier Chabot

En France, il vit dans les cours d’eau pyrénéens de bonne qualité, du niveau de la mer jusqu’à 2 700 m d’altitude.

Son rythme d’activité majoritairement nocturne, sa discrétion, son stress en captivité et son habitat parfois difficilement accessible ont fortement contribué à sa méconnaissance. 

De nombreux éléments de sa biologie et de son écologie ne sont pas ou peu connus (description fine des habitats favorables à l’espèce, dynamique des populations, taux de survie, nombre, taille et sex ratio des portées, utilisation de l’espace, etc.).

Carte d’identité du Desman des Pyrénées :

Nom latin : Galemys pyrenaicus (Geoffroy, 1811)
Classe : Mammifères
Ordre : Insectivores
Famille : Talpidae.
Sous-famille : Desmaninae
Sous-espèce : deux sous-espèces de Desman des Pyrénées sont distinguées : G. p. pyrenaicus (E. Geoffroy, 1811) et G. p. rufulus (Graells, 1897) sur la base de critères morphologiques. La première occuperait les Pyrénées, la seconde le reste de la péninsule ibérique.

Aire de répartition du Desman des Pyrénées 

Carte de répartition mondiale du Desman des Pyrénées (Source : d’après Gisbert & García-Perea modifiée avec les données d’A. Bertrand, 2008)

Le Desman des Pyrénées, petit mammifère insectivore, est endémique du quart nord-ouest de la péninsule ibérique et du massif pyrénéen.
En France, il est présent dans l’ensemble des départements pyrénéens (Pyrénées-Atlantiques, Hautes-Pyrénées, partie sud de la Haute-Garonne et de l’Ariège, partie sud de l’Aude et des Pyrénées-Orientales), ainsi qu’au niveau de presque tous les bassins hydrographiques pyrénéens où il peuple les cours d’eau et les lacs jusqu’à haute altitude (sa présence est notée jusqu’à 2700 m d’altitude). La limite inférieure est plus difficile à préciser : elle est proche du niveau de la mer au Pays Basque (15 m à Saint-Pé-sur-Nivelle) et remonte progressivement vers l’est où elle est exceptionnellement inférieure à 500 m dans l’Aude et les Pyrénées-Orientales. Seule la vallée de l’Orbieu sur le versant nord des Corbières fait exception avec un individu observé à partir de 300 m (observation ancienne).

Tous les spécialistes de l’espèce font le constat d’une fragmentation importante de son aire de répartition et de son déclin, sans pouvoir estimer l’importance du phénomène. Dans tous les cas, l’aire de répartition restreinte et la faible densité des population en font une espèce sensible.

Quelques éléments de morphologie de cette espèce très discrète...

Taille : 24 à 29 cm, dont plus de la moitié pour la queue.
Longueur de la trompe : 3 cm environ.
Poids : de 50 à 60 g pour les adultes.
Durée de vie : de 2 à 4 ans,

Le Desman des Pyrénées présente de nombreuses adaptations morphologiques, anatomiques et physiologiques lui permettant d’évoluer avec aisance dans l’eau :
un corps et une tête allongée,

  • une fourrure formée de deux couches de poils  : une couche interne composée d’un duvet serré et étanche et une couche externe constituée de longs poils de longueurs inégales. Cette caractéristique permet la formation d’une couche d’air isolante qui protège l’animal de l’eau et du froid.
  • ses pattes postérieures longues jouant un rôle important dans la nage. Elles sont très développées, avec de grands pieds dont les cinq doigts portent des griffes épaisses et sont reliés par une palmure complète.
  • une queue écailleuse, très longue, comprimée verticalement vers son extrémité où une rangée de poils favorise son effet de gouvernail.
  • une trompe mobile et préhensile qui mesure près du quart de la longueur de son corps (environ 2-3 cm). Cet appendice est, comme chez l’éléphant, le résultat de la coalescence des narines et de la lèvre supérieure. La trompe est largement pourvue d’organes tactiles et de vibrisses et joue un rôle sensoriel primordial.
  • des yeux minuscules et dissimulés sous la fourrure, comme ses oreilles qui sont totalement invisibles car sans pavillon.

Sa biologie et son écologie : que mange-t-il, où  vit-il... ?

Son régime alimentaire fait partie des éléments de sa biologie qui ont été les plus étudiés : il consomme essentiellement des larves d’invertébrés benthiques et rhéophiles (trichoptères, plécoptères et éphéméroptères). La distance de détection des proies semble faible (4 ou 5 cm), il les appréhende directement avec sa trompe sur le fond des cours d’eau. Ce régime alimentaire très spécialisé fait que le Desman est très sensible à toute modification du milieu (impact direct sur ses proies).

Son écologie est par contre mal connue : la description fine des habitats favorables à l’espèce ou son utilisation de l’espace sont en cours d’étude. Le Desman des Pyrénées semble inféodé aux cours d’eau pyrénéens de bonne qualité, du niveau de la mer jusqu’à 2 700 m d’altitude. Sa zone de présence est associée à celle de la truite. Il peut être observé ponctuellement dans des cours d’eau artificiels, des canaux d’irrigation méditerranéens, des biefs de moulins et des lacs naturels ou artificiels.

Actif toute l’année, le Desman est essentiellement nocturne et très discret.

Desman des Pyrénées nageant à la surface de l’eau © Frédéric Blanc – CEN MP

Semi-aquatique, il gîte dans les cavités des berges et lorsqu’il doit se nourrir, se déplace dans l’eau pour rechercher des larves d’invertébrés.

Le Desman dépose des fèces caractéristiques à l’état frais (petits tortillons à odeur musqué, aspect huileux, couleur vert foncé à noir, 10-15mm de long, 4-8 mm de large), sur des rochers ou morceaux de bois émergeant. Ces marquage pourraient avoir un rôle de communication entre individus ou de comportement territorial.

Crottier regroupant des fèces de Desman des Pyrénées © Bruno Le Roux

Sa reproduction, son espérance de vie ou la dynamique de ses populations sont, également, très mal connues. En France, l’activité sexuelle du mâle (rut) s’étale de novembre à mai et celle de la femelle de janvier à juin. Trois pics de gestation sont observés (février, mars et mai), sans que l’on puisse cependant conclure à l’existence de trois portées par an et par femelle. Le nombre d’embryons comptabilisés sur des femelles mortes varie de 1 à 5. L’allaitement des petits durerait environ 4 semaines et la maturité sexuelle serait acquises à 6 semaines. L’espérance de vie est de l’ordre de 2 à 4 ans.
Les jeunes de Desman n’ont jamais été observés dans la nature

Les gîtes qu’occupe le Desman sont des cavités de petit diamètre dans les berges, remplit avec des brindilles, des feuilles et de l’herbe.